Car, selon Ricoeur, « nous n’avons aucune idée de ce que serait une culture où l’on ne saurait plus ce que signifie raconter » ...
Ricœur plaide vigoureusement pour une conception du langage qui rende justice à sa visée référentielle. L'analyse des énoncés métaphoriques montre que c'est le langage le moins directement référentiel qui dit le mieux le secret des choses. La métaphore vive rend possible un « voir-comme » qui trouve son prolongement ontologique dans « l'être-comme » qui nous permet d'envisager le monde comme un monde habitable. L'analyse de la fonction narrative franchit un pas supplémentaire dans l'exploration de cette créativité du langage. Les intrigues narratives donnent un sens humain au temps, en accomplissant une synthèse de l'hétérogène. Bien que La Métaphore vive (1975) et Temps et récit I-III (1980-1983) soient des ouvrages jumelés, l'analyse de la fonction narrative marque des avancées théoriques importantes. La mise en intrigue narrative des récits de fiction, aussi bien qu'historiques, implique trois opérations conjointes : la préfiguration, la configuration et la refiguration. C'est la troisième opération qui exprime le mieux la visée référentielle et la portée ontologique des récits.
Autant l'adage « le symbole donne à penser » domine la première herméneutique, autant la devise « expliquer plus, c'est comprendre mieux » joue un rôle central dans l'herméneutique du texte. Elle présuppose une dialectique de l'explication et de la compréhension qui non seulement ouvre l'herméneutique aux sciences du texte, mais fraie aussi la voie à une philosophie de l'action dans laquelle l'analyse de l'agir humain occupe une position médiane entre le texte et l'histoire.