A vous, l'assistante sociale qui avez coupé les vivres à une famille entière
A une "famille monoparentale" dont tous les politiques disent, la
bouche en coeur, que le soutien à leur apporter est une priorité
A
une mère qui a la charge de deux enfants - la plupart des "familles
monoparentales" étant d'ailleurs en réalité des femmes seules avec
enfants
A vous qui l'avez exclue,
elle et ses enfants, de tout revenu parce que vous avez estimé que ses
recherches d'emploi étaient insuffisantes (il y aurait beaucoup à dire à
ce sujet mais ce serait trop long)
A vous qui avez rédigé un
rapport "social" qui n'est en fait qu'un concentré de jugements de
valeur et le résultat d'une totale adhésion à l'idéologie de l'Etat
social actif (en résumé chacun est responsable individuellement de sa
situation et en particulier du chômage)
A vous qui, après l'avoir
exclue de tout revenu, avez encore proposé un refus de revenu
d'intégration sociale lorsque, grâce à l'accompagnement de deux
associations, elle a introduit une nouvelle demande de RIS (mais cette
fois le Conseil du CPAS ne vous a pas suivie ! sans quoi cette personne
serait sans revenu depuis plus d'un an)
A vous dont la lecture du
rapport "social" que vous avez rédigé a été lu en public par l'avocat
de "votre" CPAS lors de l'audience du Tribunal du Travail, et dont
l'effet sur la mère de famille concernée a été une humiliation dont vous
ne vous ne pouvez sans doute pas soupçonner l'ampleur
A vous
que j'ai failli tutoyer par mépris mais qu'à présent je serais incapable
de le faire tant je n'ai pas de mépris mais plutôt de la pitié (ok ce
n'est peut-être pas mieux, mais il ne faut quand même pas trop m'en
demander)
A vous à qui le Tribunal du travail vient de donner
raison et que ce fait va sans doute vous conforter dans votre point de
vue et vous conforter face à votre institution
A vous, figurez-vous que je ne sais pas trop quoi vous dire...